Get Up, Stand Up!



Il y a 30 ans, le 11 mai 1981, disparaissait Bob Marley.

Nous sommes des millions de marocains, jeunes et moins jeunes, de toutes catégories sociales, à avoir été marqués par sa musique, ses paroles et son engagement.

Pour tous ceux-là, et pour les autres, une vidéo de l’une de ses chansons les plus engagées, Get Up Stand Up (live ). C’est aussi la dernière chanson qu’il ait chantée en concert, en 1980.





Extrait des paroles, (qui restent d'une grande actualité et notamment au Maroc)  :

Get Up Stand Up
Stand Up For Your Rights
Get Up Stand Up
Don’t Give Up the Fight

PS : Mon fils de 16 ans, m’a offert aujourd’hui un poster de Bob Marley. Qu’un chanteur disparu il y a trente ans continue à passionner des jeunes de son âge est le signe d’un grand artiste, d’une légende.

Et maintenant... par Omar Rharbaoui

Mon ami Omar Rharbaoui m'a envoyé un texte sur l'après discours des réformes constitutionnelles.
Je le publie avec plaisir.
Khalid Elhariry
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Et Maintenant...
 
Premières impressions 

Le discours du Roi Mohamed VI démarre à 20 heures.
Régionalisation, instances régionales élues directement, autonomie de gestion ... Ok ...
Puis à 20h10,  au moment où je my attends le moins le Roi déclare : " à partir de ces prémisses référentielles immuables, Nous avons décidé d'entreprendre une réforme constitutionnelle globale, sur la base de sept fondements majeurs" 
Le discours continue tambour battant : clarté du propos, radicalité de l'approche, main tendue, dévolution du pouvoir, tout y est ou presque.
A cet instant, je ne peux qu'être reconnaissant vis-à-vis de nos jeunes concitoyens du mouvement du 20 février. Linitiative de ce mouvement, déterminée et mature, a amorcé le débat sur la nécessité de la réforme constitutionnelle et a dénoncé courageusement le ras de bol de nos concitoyens face à la corruption et l'injustice sociale qui minent notre pays.
Le discours prend fin et comme beaucoup, ému et enthousiasmé, je me jette sur mon téléphone et sur les réseaux sociaux.
Sur les réseaux sociaux, les partisans du changement remercient le Roi pour son discours.
Silence assourdissant du coté des "anti" ... Ceux qui donnaient des leçons de patriotisme, ceux qui ont calomnié ...
Car, ne leur en déplaise,  le Roi a choisi. Il a choisi la seule voie possible, celle de la réforme vers une monarchie parlementaire et démocratique qui pérennisera la stabilité et le développement de notre pays.

Et maintenant ...

que le Roi a choisi.
C'est à cet instant que la charge écrasante de notre responsabilité collective se précise.
Car si ce discours a galvanisé le camp du changement et du progrès, je ne doute pas un instant quil ait incommodé une minorité qui tire profit dun système où le suffrage se monnaye, où la justice est arbitraire, où la « proximité » vaut privilèges. 
Et puisque le Roi a choisi, il nous incombe d’être vigilant face à ceux qui tenteront de nous duper et nous imposer un processus a minima. LHistoire ne devra pas se répéter.
Il nous faudra nous mobiliser et faire aboutir de réformes en ligne avec les énormes attentes de nos concitoyens.
Reste le comment.
La société civile sest exprimé, le Roi Mohamed VI a proposé, les partis politiques, et ceux de gauche notamment, sont absents.
Or la réforme ne saurait se faire sans ce maillon essentiel que sont ces formations politiques.
Il faut donc, et ce nest pas un vœu pieux, que le renouvellement générationnel simpose au niveau des instances dirigeantes de ces partis et quune offre politique, en phase avec les attentes de notre société, se développe et émerge.
La balle est dans notre camp !
 
Omar Rharbaoui

Casablanca Finance City, la Tunisie et l’Egypte

Certains événements, passés inaperçus sur le moment, prennent une signification toute autre deux mois et deux révolutions plus tard.

Nous sommes en octobre 2010. La Loi des Finances 2011 est en cours de discussion à la Chambre des Députés. L’une des dispositions de la loi concerne le statut fiscal de Casablanca Finance City (CFC). L’objectif étant de rendre CFC attractive pour y encourager l’implantation d’entreprises étrangères

Pour rappel, il s’agit d’une zone spéciale, à Casablanca, dédiée aux entreprises ayant des activités financières internationales, essentiellement orientées export, ainsi que des sièges régionaux d’entreprises multinationales.

L’une des mesures concernait  l’Impôt sur le Revenu (IR) appliqué aux salariés de ces entreprises. Le projet, approuvé par les conseils de gouvernement et des ministres, proposait un IR de 20% pour les non résidents au lieu du régime général dont le taux maximum est de 38%.

Si cette mesure était adoptée, cela voudrait dire que, par la Loi, et pour deux salariés, travaillant pour la même entreprise, dans le même bureau, effectuant le même travail, le marocain paierait un IR de 38% pour la plus grande part de son salaire, et le non résident (en gros le non marocain) ne paierait que 20%.

Nous avons demandé des explications au Ministre des Finances. Pour lui il s’agissait d’être compétitif face à la concurrence, en l’occurrence la Tunisie et Égypte.

Avec d’autres députés de l’USFP, nous avons réussi à mobiliser les députés de la commission des finances, majorité et opposition contre cette mesure.

Pour nous, il était hors de question d’accepter une mesure discriminatoire en défaveur de salariés marocains.  Nous demandions soit de supprimer cette disposition, soit d’en faire bénéficier tous les salariés des entreprises de CFC, marocains ou étrangers.

Plusieurs ministres me contactèrent à ce sujet pour essayer de nous faire accepter la mesure telle que prévue dans le projet de loi. Avec l’un d’eux, j’ai eu l’échange suivant (à quelques mots près):

Ministre: Je ne comprends pas votre position sur ce sujet. Vous allez faire perdre au Maroc un avantage compétitif.

Député: Dans ce cas, généralisons cette mesure à tous les salariés, marocains ou étrangers.

Ministre: On ne peut pas, on risque de faire perdre aux banques marocaines  leurs meilleurs salariés qui iront chez les entreprises CFC.

Député: Avec le niveau de bénéfices qu’elles réalisent, les banques marocaines peuvent, sans risques, offrir à ces salariés des rémunérations qui compensent le différentiel dû au taux d’IR.

Ministre: En plus le gouvernement ne sait pas quel serait le coût fiscal d’une généralisation.

Député: Faites vos simulations. Mais, sachez qu’en tant que députés, nous ne pouvons pas voter la mesure en l’état. C’est une question de Principe.

Ministre: Les Tunisiens et les Egyptiens, eux,  ne s’embarrassent pas de questions de Principe.  Ils décident et ils avancent.

Nous avons maintenu notre position. Finalement, après un aller retour entre les deux chambres, l’IR à 20%, fut généralisé à tous les salariés, marocains ou étrangers des entreprises de CFC.

Fin de l’épisode législatif.

C’était en novembre 2010.

Deux mois plus tard, les régimes tunisiens et égyptiens, qui « eux, ne s’embarrassent pas de principes », sont balayés par des révolutions populaires.

Les égyptiens et les tunisiens en ont eu assez des régimes qui n’accordaient aucune importance à la dignité de leurs citoyens, à ce qu’ils pouvaient ressentir. Des régimes qui légiféraient et agissaient en fonction des intérêts d’une minorité liée au pouvoir.

Les égyptiens et les tunisiens en ont eu assez de régimes qui ‘ne s’embarrassaient pas de principes’

Au Maroc, nous avons aussi certaines lois, certains règlements, certaines pratiques et certains dirigeants qui ne s’embarrassent pas de principes.

Le 20 février, des marocains ont manifesté contre ces lois, règlements, pratiques et dirigeants.

Mais au Maroc, nous avons aussi des institutions qui essaient et réussissent parfois à limiter leurs excès (parlement, médias, syndicats, ong…)

Tout l’enjeu de l’après 20 février est de renforcer le rôle et la crédibilité de ces institutions.

Au nom des Principes!

USFP et #20FEB: pourquoi je participe

Depuis que la manifestation du 20 février a été annoncée, plusieurs dirigeants de l'USFP ont annoncé que le parti ne participe pas. Membres du bureau politique, ministres, membres du conseil national.

Je pense que c'est une erreur.

Objectifs pas clairs, initiatives qui ne vient pas des partis, risque de manipulation... plusieurs justifications ont été avancées.


Je n'ai aucun complexe à participer à un événement que nous n'avons pas initié. Les partis n'ont pas le monopole de l'initiative. Ils ont longtemps été à la pointe de la revendication. Aujourd'hui, ils ne le sont plus et je suis heureux que d'autres aient repris le flambeau.

Nous serons nombreux de l'USFP à participer le 20 février: députés, membres du conseil national, jeunesse, syndicalistes ou simples militants.

Nous le ferons par ce que nous partageons les principales revendications exprimées. Elles ont toujours été les notres: plus de dignité, plus de démocratie, plus de libertés, plus de respect des droits de l'homme, plus de justice sociale...

Ces dernières années nous étions en retrait dans la promotion et la défense de ces idées. Aujourd'hui nous avons une occasion unique de les remettre au centre de nos préoccupations.

J'ai multiplié ces derniers jours les contacts avec des amis à l'USFP ou en dehors sur ce qui se passe au Maroc.

J'ai eu de très nombreux retours directs  sur l'analyse que j'ai faite sur la situation au Maroc . Même s'il y a des différences de points de vue sur certaines parties, une conviction ressort.

Contrairement à ce qui s'est passé en Egypte et en Tunisie, l'après 20 février, au Maroc, sera construit avec les partis politiques. Avec certains partis politiques. Et l'USFP en est un. Pas l'USFP dans sa situation actuelle. Pas avec ses idées d'aujourd'hui, ses méthodes d'action d'aujourd'hui et son leadership d'aujourd'hui.

Une dernière chose. Le 20 février je participerai en famille. Je voudrai que mes enfants, dans quelques années, puissent dire, tout simplement: "J'y étais"!








«Le Maroc a intérêt à capitaliser sur ses institutions. Et se réformer, dans l’urgence»

J'ai eu un (long) entretien avec une amie journaliste installée au Brésil sur ce qui se passe dans notre région. Il sera publié en portugais sur l'un des premiers sites  brésiliens d'information internationale et qui a une tendance progressiste affichée.

Elle l'a aussi publié en français sur son blog sur le site Mediapart

J'ai intégré la totalité de l'entretien dans ce post afin de faciliter les commentaires et leur suivi. Il est aussi consultable à l'adresse suivante:

http://blogs.mediapart.fr/blog/lamia-oualalou/150211/le-maroc-interet-capitaliser-sur-ses-institutions-et-se-reformer-dan

 Cet entretien ayant été réalisé les 13 et14 février 2011, les informations sur la manifestation du 20 février doivent être réactualisées. Je les laisse telles que je les voyais à l'époque. Elles donnent une preuve supplémentaire de notre difficulté (ou du moins la mienne) à appréhender ce qui se passe autour de nous tellement ça va vite et peut être aussi par ce que notre référentiel d'analyse a besoin d'une sérieuse mise à jour (ou du moins le mien)!


«Le Maroc a intérêt à capitaliser sur ses institutions. Et se réformer, dans l’urgence»

La soif de dignité. Plus que le prix des aliments, c’est ce qui a, cette fois-ci, provoqué l’inimaginable, en Tunisie, puis en Egypte. Puis… qui sait où ? Comme dans la chanson, qui est devenue un des hymnes de la révolution égyptienne.(clip  ci-joint en youtube) Même si les têtes ne tomberont pas nécessairement partout, le monde arabe ne sera plus jamais comme avant après les révolutions de Tunis et du Caire. Ça remplit d’espérance, et de peur de louper le train de l’histoire. On est loin de Rio, et même si la presse a dédié ses unes régulièrement aux chutes de Ben Ali et Moubarak, l’information reste pauvre. J’ai voulu en savoir plus, sur le monde arabe et le pays dont je viens, le Maroc. J’ai longuement interrogé un député, Khalid Hariry. Il est membre de l’USFP (Union Socialiste des Forces Populaires, parti de gauche partiellement allié au gouvernement), et fait partie de ces politiques sur lesquels on voudrait investir, tant ils ont intégré l’histoire du pays, ses spécificités, sans que cela rime nécessairement avec compromission. Voilà sa vision, à partir du Maroc, des bouleversements du monde arabe, du rôle des islamistes, et des chances de la gauche.


#20FEB

Ce qui se passe au Maroc et dans notre région m'a poussé à réactiver ce blog. Je ne pouvais pas ne pas réagir alors qu'une partie de l'Histoire est en train de s'écrire en direct devant nous. Cette écriture touche aujourd'hui le Maroc.

Je reviens après une (très) longue absence sur le net. C'est un période où j'ai choisi de peu communiquer, excepté la période qui a suivi la publication du rapport de la mission parlementaire sur le prix des médicaments et dont j'étais le rapporteur.

Avais je raison ou tort? Je ne le sais pas, puisqu'après tout, j'ai une fonction représentative et on attend de nous, en plus du travail au Parlement et dans la circonscription, de communiquer, expliquer, informer...

J'écris ce post le 17 février 2011 et je me permets d'affirmer que la manifestation du 20 février est déjà un succès. Elle a réussi, avant même de démarrer à bousculer le statu quo, chose que l'ensemble la classe politique marocaine, pendant des années, n'a pas réussi à faire. Elle remet sur la table les réformes de fond qui dormaient dans les tiroirs et, que certains partis ou organisations, de manière plus ou moins opportuniste, ressortaient de temps en temps. Réformes politiques, constitutionnelles, économiques, sociales...

Rien que pour cela, il faut féliciter les initiateurs de ce mouvement et remercier leurs prédécesseurs tunisiens et égyptiens qui ont fait partir la vague.

J'espère que les autorités marocaines joueront le jeu (ou pour être plus précis, respecteront la loi) et laisseront la manifestation se dérouler en toute liberté. Mais aussi la protégeront et en assureront la sécurité.

Cependant je ne suis pas naïf. Je suis convaincu que beaucoup de groupes vont utiliser cet événement et la médiatisation qu'il va avoir pour faire avancer des agendas qui n'ont rien à avoir avec les demandes des initiateurs de ce mouvement.

J'espère, là encore, que les autorités sauront mieux gérer ces manœuvres que ce qu'elles ont fait par le passé. En tout cas ce n'est pas avec une attitude et des déclarations comme celles du Ministre de la Communication ou de celui des Sports qu'on rend service au Maroc.

L'après 20 février est incertain. Le contexte marocain est particulier. Je l'explique d'ailleurs dans un entretien que je publierais dans mon prochain post.
Les analyses divèrgent. L'hétérogénéité des mouvements politiques, syndicaux et associatifs qui appellent à manifester, rend difficile une synthèse qui irait au delà des demandes de démocratisation, de liberté et de respect de la dignité des citoyens marocains.

Mais rien que cela c'est déjà beaucoup!